dimanche 6 juillet 2008

anachronisme


ANACHRONISME

CHRISTOPHE TARKOS

http://www.apresvillenoise.net/nuit/005/anac.html# puis cliquez sur: diaporama

Une performance créée en 2003 en résonance avec la biennale d’art contemporain

Par Eric Vautrin, Raphaël Defour
et Chevignon (Andrew Dymond, Damien Paulet, Florent Dichampt)

[le texte est paru aux éditions POL]

Dispositif

Un acteur sur un plateau de 4x4m, plateau qui se relève lentement par l’arrière jusqu’à la chute de l’acteur. Le même acteur lisant un texte projeté devant lui.Sur le plateau sont clouées quelques paires de chaussures. Derrière, trois musiciens “accompagnant” l’acteur. L’acteur pouvant alterner diction, chant, danse, éventuellement. Derrière l’ensemble un écran vidéo projette alternativement des éléments graphiques, des photos, des séquences vidéos.Tous les éléments peuvent s’interrompre, pauser, reprendre, s’intervertir à l’envi. Sauf le basculement lent du plateau. L’ensemble dure environ une heure. Les spectateurs sont tout autour, librement. Un homme à la dérive.

Intentions

Anachronisme est le livre le plus autobiographique du poète français contemporain C. Tarkos. Mais ça ne veut pas dire qu’il parle de lui. Simplement le thème, c’est sa vie, entre le RMI et l’asile, entre les sourcils de sa boulangère et l’histoire du rock.

Anachronisme est un livre de poésie.
La poésie est affaire de traitement.

« Traiter » le corps, l’espace, le langage pour faire apparaître d’où ils viennent. La poésie traite des thèmes, comme dans une symphonie ; c’est à dire leur applique des solutions, des rythmes, des jeux finalement, pour les observer. Mais cette origine commune qui apparaît n’est pas « le début de l’histoire », ce n’est pas un « il était une fois C. Tarkos ». C’est une origine mentale et profonde, comme on dit un mouvement des profondeurs. Ce n’est pas le mouvement qui compte, c’est comment le mouvement, c’est à dire : d’où il vient, le lieu d’où il vient, comment il a lieu.

L’ homme contemporain est singulier, mais il est quelconque. Il n’est plus vraiment une identité, il n’est plus vraiment sûr d'être un représentant, mais il est particulier parce qu’il lui arrive quelque chose, à lui. Même si ce quelque chose ne vaut que parce que c’est lui, ce corps particulier avec cette tête particulière, à qui ça arrive. Cet homme singulier quelconque est à inventer, sans cesse, et quelque chose du monde ira mieux.

C’est ce que donne à entendre Tarkos.

C’est le temps d’Anachronisme. Un homme à la dérive qui se tient debout.

« la poésie c’est mettre les pieds dans le plat la tête la première. »
C. Tarkos

Christophe Tarkos

Christophe Tarkos, né à Marseille en 1963, est décédé le 30 novembre 2004 des suites d’une tumeur au cerveau.

Il a publié, entre autres :


Morceaux choisis (Les contemporains favoris, 1995)
L’oiseau vole (L’Évidence, 1995)
Le Damier (AIOU, 1995)
Le Train (Station Underground d’Émerveillement Littéraire, 1996)
Oui (Al Dante, 1996)
Ma langue est poétique (Électre, 1996)
Processe (Ulysse Fin de Siècle, 1997)
le baton (Al Dante, 1997)
Farine (AIOU, 1997)
Le Sac (S.U.E.L., 1997)
Pupe (cassette audio - muro torto, 1997)
La Valeur sublime (Le Grand Os, 1998)
L’Hypnotiseur soigne (Éditions secrètes, 1998)
Caisses (POL, 1998)
Je m’agite (Station Mir, 1999)
L’Argent (Al Dante, 1999)
Le Signe = (POL, 1999)
Dix Ronds (Contre Pieds, 1999)
Le Pot (Derrière la Salle de Bains, 1999)
La Cage (Al Dante, 1999)
Pan (POL, 2000)
Calligrammes de Caen (École des Beaux Arts de Caen, 2000)
Ma Langue (coffret de 3 livres : I - Carrés, II - Calligrammes, III - Donne, Al Dante, 2001)
Expressif, le petit bidon (CD - Cactus, 2001)
Anachronisme (POL, 2001)


De multiples interventions en revues (et principalement dans Jeub Jeub, Nioques, Doc(k)s, la RLG, Action poétique…).
Plusieurs collaborations (notament avec Pascal Doury et Katalyn Molnar [Poezi prolétèr], Philipe Beck [Quaderno], mais également Vincent Tholomé, Thierry Aué, Stéphane Bérard et Charles Pennequin).
De très nombreuses interventions publiques.

La presse à la création du spectacle


Tarkos Hardcore / Nicolas Blondeau, LyonCapitale, 24.09.003
En matière de spectacle, le choc de la rentrée est sans doute à chercher du côté d’Anachronisme. Cette création, conçue par le metteur en scène Eric Vautrin à partir du texte éponyme de Christophe Tarkos, plonge le spectateur dans un univers destroy où se croise la violence la plus crue, une douceur extraordinaire et un romantisme sombre autant que poignant. Comme pour les derniers travaux de Vautrin, aucune étiquette ne convient à cet opus programmé en résonance avec la biennale d’art contemporain. S’agit-il d’un concert rock, d’une lecture ou d’une performance d’art contemporain ? Peu importe, puisque le pari de faire résonner la prose de Tarkos, avec toute l’intensité et la radicalité requises, est entièrement tenu. Le spectateur est convié à se promener autour d’un dispositif scénique où se déroulent sur un écran les textes de l’écrivain lus par l’impressionnant acteur Raphaël Defour, juché sur une estrade capricieuse qui ne cesse de s’incliner dangereusement, tandis que la formation de noise Chevignon fait retentir des décibels tour à tour rageurs ou langoureux. Manière originale, saisissante de découvrir un poète hanté par la folie, le sexe et la solitude.


Anachronisme / Trina Mounier, LyonPoche, 24.09.003
… De même que les repères traditionnels de formes, par exemple, ont disparu, faisant voler en éclat les distinctions entre peinture, sculpture, vidéo, haute technologie et techniques diverses, Anachronisme est inclassable (…). « Anachronisme » n’est d’ailleurs pas à proprement parler un spectacle, plutôt une installation. Certes, celle-ci utilise des mots, ceux du poète contemporain Tarkos, et joue sur la durée d’une représentation, mais les mots sont projetés sur un écran, et lus-chantés-psalmodiés (avec une grande maestria) par Raphaël Defour. Le spectateur est d’ailleurs invité à circuler, à aller boire un verre, comme au concert (c’est le groupe de « noise » Chevignon qui accompagne Eric Vautrin), et paroles et musiques prennent alternativement le pas l’une sur l’autre, dans une sorte de confusion poétique.. Si vous êtes un spectateur curieux, n’hésitez pas à vous laisser troubler par cet étrange objet.

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Qui êtes-vous ?

comédien/perfomer, metteur en scène, auteur, chanteur, musicien, déménageur.